Fazil Say
condamné pour blasphème
Le pianiste fait
les frais d'une justice turque tatillonne en matière de religion. Reconnu
coupable d'avoir « publiquement dénigré les valeurs religieuses d'une
partie de la population », il a été condamné à dix mois de prison avec
sursis.
Une cour pénale
d'Istanbul a condamné, lundi, le célèbre pianiste à une peine de dix mois de
prison avec sursis pour blasphème. Lancées au printemps dernier, les poursuites
pénales à son encontre sont devenues le symbole d'atteintes grandissantes à
l'égard de la liberté d'expression, selon de nombreux Turcs qui s'inquiètent de
la multiplication des procès et d'une présence grandissante de la religion dans
l'espace public.
Les ennuis judiciaires de ce pianiste virtuose
de réputation internationale ont débuté après la publication de commentaires
volontiers antireligieux sur son compte Twitter. «Je ne sais pas si vous vous
en êtes aperçus, mais, s'il y a un pou, un médiocre, un magasinier, un voleur,
un bouffon, c'est toujours un islamiste», a-t-il par exemple écrit. L'acte
d'accusation lui reprochait également d'avoir retweeté des vers du poète persan
Omar Khayyam décrivant les rivières de vin et les vierges attendant les
croyants au paradis accompagnés du commentaire suivant: «Le paradis est-il un
bar? (…) un bordel?» Ou encore de s'être moqué d'un imam en demandant s'il
avait expédié l'appel à la prière en 22 secondes parce qu'il était pressé
d'aller boire un verre de raki, un alcool anisé.
Pour ces propos
provocateurs, le juge a donc reconnu Fazil Say coupable d'avoir «publiquement
dénigré les valeurs religieuses d'une partie de la population», un délit
passible de 18 mois de prison ferme en vertu de l'article 216 du Code
pénal turc. Sa peine a été suspendue pendant cinq ans, ce qui signifie que
Fazil Say pourrait être emprisonné s'il était de nouveau condamné durant cette
période pour des faits similaires.
«Ma condamnation en dépit
de mon innocence m'inquiète pour la liberté d'expression et la liberté de
croyance», a commenté Fazil Say sur son compte Facebook, ajoutant être
«triste» pour la Turquie. En décembre, le pianiste, très virulent à l'égard des
islamo-conservateurs au pouvoir, les avait accusés d'être responsables de ses
démêlées avec la justice. «Je ne souhaite clairement pas que quiconque soit
poursuivi pour des propos qui ont été exprimés, spécialement des artistes ou
des intellectuels, a réagi hier Ömer Çelik, le ministre de la Culture. Mais… il
s'agit d'une décision de justice.»
La Turquie a justement
une longue tradition de traîner devant
les tribunaux ses intellectuels. Orhan Pamuk, Prix Nobel
de littérature, avait été poursuivi en 2005 pour «insulte délibérée à
l'identité turque» pour avoir évoqué le génocide des Arméniens en 1915. Et des
centaines de journalistes, avocats, écrivains sont actuellement poursuivis,
principalement accusés de terrorisme. «Fazil Say a été le seul poursuivi, alors
que 10.000 autres personnes ont partagé le commentaire sur Omar Khayyam, c'est
une façon de mettre la pression sur tout le monde, s'insurge Zeynep Oral, une
des responsables de la branche turque du Pen Club, une association
internationale d'écrivains. J'ai vécu trois coups d'État, mais, dans le passé,
on savait ce que l'on pouvait ou non écrire. Aujourd'hui, n'importe qui peut
être emmené en prison du jour au lendemain.» Un procureur a ouvert une enquête
en janvier contre Pen Turquie, qui avait critiqué le procès de Fazil Say,
révélateur «d'une évolution fasciste».
Les procès pour blasphème
ne sont pas très courants en Turquie. Le romancier franco-turc Nedim Gürsel, jugé pour Les Filles
d'Allah , un roman sur la vie de Mahomet, avait
finalement été acquitté en 2009. Mais les plaintes se multiplient, et la
censure rôde. Des extraits d'œuvres jugés outranciers pour l'islam ont été
récemment retirés des livres scolaires.Samarcande, le roman d'Amin
Maalouf, fait l'objet d'une enquête du ministère de l'Éducation et Des souris
et des hommesde John Steinbeck a réchappé à une demande d'interdiction pour
passages «immoraux».
Özet : Besteci ve piyanist Fazıl Say, twitter üzerinden paylaştığı Ömer Hayyam
rubaisinde "dini değerleri alenen aşağıladığı" iddiasıyla açılan
davada suçlu bulundu.
Mahkeme, 10 ay hapis cezasına çarptırdığı Say hakkındaki
hükmü beş yıl süreyle erteledi.
Fazıl Say, karar sonrası yaptığı açıklamada,
"Mahkeme sonucu çıkan karar için yurdum adına çok üzgünüm. İfade özgürlüğü
açısından hayal kırıklığına uğradım. Hiçbir suçum olmamasına rağmen ceza almış
bulunmam şahsımdan çok, Türkiye'deki ifade ve inanç özgürlüğü adına kaygı
vericidir" dedi.
SÖZ KONUSU TWEET:
''Irmaklarından
şaraplar akacak diyorsun, cennet-i ala meyhane midir / Her mümine 2 huri
vereceğim diyorsun cennet-i ala kerhane midir - Bilmem fark ettiniz mi nerede
yavşak, adi, magazinci, hırsız, şaklaban varsa hepsi Allahçı"
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